
Interview originale en anglais disponible ici.
Texte : Abby Aguirre
Photoshoot : Alasdair McLellan
Stylisme : Tone Goodman
Les photos sont disponibles dans notre galerie :
Traduction réalisée par Planete Adele.
Adele, vue de l’autre côté.
Je me rends à la salle de sport très privée Heart & Hustle pour rejoindre Adele lors de son entraînement du lundi matin. J’ai la nette impression que la reine de cœur va me mettre à l’épreuve.
A vrai dire, c’est inévitable. Adele fait des séances rigoureuses de musculation et de circuit-training tous les jours – deux fois par jour si elle se sent très anxieuse – depuis maintenant trois ans, voire plus. Le monde entier a perdu la tête dès que son importante perte de poids a été exposée. Un grand nombre de théories fausses et de ragots ont vu le jour. Une bonne – et équitable – façon de remettre les pendules à l’heure et de raconter la véritable histoire serait de mettre la honte à un journaliste dans une salle de sport. Adele va me le faire ressentir.
Quand Adele arrive, passant la porte de derrière, elle est vêtue d’une tenue en spandex de la tête aux pieds. J’ai compris ce qu’il m’attendait. Adele n’est pas seulement en forme. Elle est tout en muscles, visibles à travers les leggings. Heart & Hustle est un établissement sans fioritures dont les deux propriétaires viennent de New York et Philadelphie. L’entrée arrière a été conçue pour ressembler un peu à l’univers du film Les Affranchis. L’un des propriétaires, Gregg Miele, est là pour diriger notre séance d’entraînement. Au bout de quelques minutes, Adele est en train de se défouler sur un vélo elliptique et je suis non loin d’elle en train de me balancer sur une autre machine, déjà à bout de souffle.

Elle commence à me bombarder de questions, allant droit au but. Cette manière unique et désarmante vous pousse aussi à faire de même. De ces questions, il en résulte une confession, réalisée à vitesse grand V. Je décide de la retranscrire au rythme de la séance de sport que nous vivons.
Au bout de 2 minutes et 50 secondes : Adele mentionne qu’elle a mal au dos. Je lui dis que j’ai deux hernies discales. Nous constatons qu’elle a les mêmes hernies discales (L5 et L6).
Trois minutes trente. Sur le vélo elliptique, Adele remarque : « J’ai toujours un peu la gueule de bois le lundi matin. ». Le confinement m’a fait boire du vin tous les soirs, lui dis-je. Elle hoche la tête et dit : « C’est devenu de plus en plus tôt, la boisson. »
Six minutes : Adele dit qu’elle a probablement passé plus de temps avec Miele (son entraineur) au cours des trois dernières années que n’importe qui d’autre. « Toutes ces autres personnes qui ont dit qu’elles m’avaient formée sont sorties de nulle part », dit-elle. « Putain de cinglés. Je ne les ai jamais rencontrés de ma vie ! »
Neuf minutes et trente secondes : je lui demande si la covid a eu un impact sur son mental et ses émotions. Adele répond qu’une grande partie des émotions que ses amis ont traversée, elle l’avait traversée l’année précédente, en plein divorce. (Adele était mariée à Simon Konecki, responsable d’une association caritative, depuis deux ans. Ils ont un fils de neuf ans, Angelo). « Tout le monde a dû faire face à beaucoup de ses démons parce qu’ils avaient tellement de temps devant eux sans rien pour les distraire », dit-elle. « Ils ont dû se confronter à eux-mêmes en s’isolant. Alors que moi, je l’avais déjà fait l’année précédente. »
Onze minutes : retour sur le sujet de l’alcool et du confinement. « Ma toute première sortie lors du premier confinement était pour du Whispering Angel et du ketchup », dit Adele en faisant référence à son rosé préféré. « Quand je bois ce rosé, je suis d’humeur plutôt bavarde et grande gueule. Il ne me fait clairement pas chuchoter. »
Douze minutes : je lui dis que lorsque le confinement a été levé, je me suis sentie comme Edie sortant de Grey Gardens (c’est un film). « J’ai eu les pires poils incarnés que j’ai jamais eus dans ma vie », répond-elle.
Cela continue comme ça pendant une heure alors qu’Adele passe en revue chaque machine de musculation et que je m’épuise, n’ayant pas été à la salle depuis 2016. Elle a passé de nombreux jours et nuits durant la pandémie ici, s’entraînant pendant qu’un film passait à la télévision. La série Rocky était une de ses préférées ce qui peut expliquer en partie les gants de boxe qu’elle a accrochés sur un mur à proximité.
Adele se mettra à chanter plusieurs fois au cours de la journée que je passe avec elle. La première chanson est tirée de la bande originale de Rocky – une chanson qui, si vous avez vu l’un des films, vous évoquera probablement des images au ralenti d’un Sylvester Stallone huilé en train de sprinter sur la plage en short de dauphin et en chaussettes.
Au lieu de cela, imaginez une Adele, devenue maintenant aussi athlétique que sa voix, faisant d’intenses squats avec Dieu seul sait combien de kilos sur ses épaules et chantant avec son vibrato singulier et rauque : « Getting strong nooowww ! ».
La maison d’Adele à Beverly Hills ressemble beaucoup à un cottage anglais, à l’exception qu’elle fait 1 500 mètres carrés. Je la retrouve là-bas après notre séance d’entraînement et nous nous installons dans des fauteuils dans son jardin très anglais. Elle porte ce qui semble être un pantalon en cachemire et une élégante robe blanche dont un seul bouton est boutonné révélant une fine silhouette et un décolleté sans soutien-gorge.
Adele prend soin de protéger sa voix surtout depuis qu’elle a subi une opération en 2011. A l’époque, elle a du la réaliser afin d’arrêter une hémorragie des cordes vocales. Je lui demande donc quels sont les évènements qui l’ont rendue anxieuse. Elle commence par les deux spectacles qu’elle a dû annuler à l’été 2017. « Je pense qu’une fois que ma voix se repose, elle ne veut pas revenir avant un certain temps », dit-elle. « Je pense que c’est ce qui s’est passé. Ma voix est partie. » Les spectacles étaient au stade de Wembley et Adele a du les annuler. 200 000 personnes ont été impactées. « Je n’ai pas le droit de me produire si je ne suis plus en bonne santé parce que j’ai subi une opération il y a des années. Donc il était hors de question de forcer sur ma voix. J’étais dévastée. »
« Puis j’ai été frappé par le ‘retour de Saturne' », dit Adele, en retournant son poignet gauche pour me montrer un tatouage. C’est Saturne, la planète, avec un dessin de Los Angeles. au milieu. « C’est là que j’ai perdu le fil. » Il faut 27 à 32 ans pour que Saturne tourne complètement autour du soleil et revienne à la position dans laquelle elle se trouvait quand vous êtes né.e, explique Adele. « Quand ça arrive, ça peut bouleverser votre vie », dit-elle. « Ça vous secoue un peu : ‘Qui suis-je ?’, ‘Qu’est-ce que je veux faire ?’ et ‘Qu’est-ce qui me rend vraiment heureux ?’. Vous voyez, ces choses-là. »
Elle ne met pas son divorce sur le compte de son ‘retour de Saturne’ mais cela a été l’une des conséquences. « Je ne faisais que subir ce qu’il m’arrivait et je n’étais pas heureuse », dit-elle. « Aucun de nous n’a fait quelque chose de mal. Aucun de nous n’a fait de mal à l’autre. C’était juste : je veux que mon fils me voie vraiment aimer et être aimée. C’est vraiment important pour moi. » Elle dit qu’elle et Simon ont rompu pendant un certain temps avant de le dire aux gens. (Adele a demandé le divorce en 2019.) « Depuis, j’avance sereinement pour trouver mon vrai bonheur. »

Comment a-t-elle retrouvé le bonheur ? « Eh bien, mon thérapeute m’a dit que je devais m’asseoir avec mon moi de sept ans. Parce que la moi de 7 ans était livrée à elle-même. J’avais besoin de m’asseoir avec elle et de lui parler de ce que je ressentais en grandissant. Et les problèmes avec mon père. Que j’avais évités. » Et quels étaient ces problèmes ? « Ne pas être sûr que quelqu’un qui est censé vous aimer vous aime. Avoir l’impression d’être sans intérêt. En fait, vous supposez que c’est normal et vous grandissez donc avec. Ma relation avec les hommes a toujours été : tu vas me faire du mal alors je vais te faire du mal en premier. C’est juste toxique et ça m’empêche de trouver mon bonheur. »
Adele développe : « Parfois, avec mon fils, s’il me parlait d’une certaine manière, je me fermais. Avec mon propre enfant, putain quoi. Je prends tout tellement à cœur ce qu’il dit alors qu’en fait tout ce qu’il dit, c’est juste : ‘Non, je ne veux pas aller au lit’. Dans ses relations avec les hommes, elle reste sur la défensive : elle s’attend à ce que les choses ne fonctionnent pas. « Et j’ai été d’accord avec ça, parce que vous deviez l’être avec ça quand vous étiez plus jeune ».
Le père d’Adele, Mark Evans, un plombier gallois, est mort d’un cancer en mai de cette année. Depuis longtemps, leur relation était tendue. Evans et la mère d’Adele, Penny Adkins, se sont séparés peu après la naissance d’Adele, laissant Penny élever leur fille seule – d’abord à Tottenham, puis à Brixton et plus tard à West Norwood. Après qu’Adele soit devenue célèbre, Evans a vendu un article sur elle au journal The Sun. (Adele est allée voir Evans avant sa mort. « Je sais qu’il m’aimait et nous avons fait la paix avant sa mort », me dit-elle. « Quand il est mort, j’ai eu cette sorte de réaction physique. Cette peur a quitté mon corps ». Elle ajoute : « Ma mère a été incroyable quand mon père était en phase finale. Elle était là et aidait. »)
Qu’est-ce qui a aidé Adele à affronter son anxiété ? « C’était beaucoup de ‘sound baths’ (technique populaire aux Etats-Unis qui consiste à s’immiscer dans l’univers du son et des vibrations. Cela aiderait à la relaxation.). C’était beaucoup de méditation. C’était beaucoup de thérapie. Et beaucoup de temps passé toute seule. » La salle de sport a été la clé : « C’est devenu mon passe-temps. J’ai réalisé que lorsque je faisais de l’exercice je n’étais pas anxieuse. Il n’a jamais été question de perdre du poids. Je me suis dit que si je pouvais rendre mon corps physiquement fort et que je pouvais le sentir et le voir alors peut-être qu’un jour je pourrais rendre mes émotions et mon esprit physiquement plus forts. » Elle a commencé par le bas de son dos et son estomac : « J’ai un mauvais dos et j’ai eu une césarienne. Donc je n’avais rien en bas ». (Je m’entretiens avec Miele plus tard. Son entraîneur confirme que l’objectif n’était pas la perte de poids. « Il s’agissait de devenir plus fort, physiquement et mentalement. Elle s’est vraiment intéressée au mouvement, et surtout à la musculation. Tellement excitée qu’elle a commencé à faire des séances doubles »).
Les progrès étaient lents et loin d’être linéaires. « Je passais une belle nuit avec mes amis », dit-elle, « puis je me réveillais anxieuse, comme si un tsunami d’émotions négatives venait me chercher. » En tant que Taureau, elle aime planifier les choses, elle trouvait donc l’imprévisibilité de son anxiété atroce. Je me souviens qu’une fois j’étais assise là-bas avec deux de mes amies » – elle désigne une table plus loin dans la cour – « et je me disais : ‘Quand est-ce que j’arrêterai de me sentir comme ça ?’. Et elles m’ont répondu : ‘En temps voulu’. Et j’ai dit, ‘Oui, mais combien de temps ?’. Et l’un d’eux a pleuré et a dit : ‘Je ne sais pas. Ça va être une aventure.’. Et ça l’a été. »
Ses ami.e.s d’enfance sont tous en Angleterre, et comme c’était avant la pandémie, elle a pu leur rendre visite. Mais souvent, elle voyait ses amis de Los Angeles, notamment une amie d’une quarantaine d’années qui vit dans son quartier. Elle disait : « Mmm hmm. Oui, ça m’est arrivé une fois. Je me suis sentie comme ça une fois. J’étais là à faire des crises. Comme, sangloter, sangloter, sangloter. Et elle était si calme quand elle me disait ça. »
Une discussion avec l’une de ses connaissances va se démarquer. « J’ai dit à mon amie que j’avais l’impression d’être sur une montagne escarpée et j’essayais d’atteindre le sommet. Et elle m’a dit : ‘Tu vas y arriver. Et tu auras une belle promenade tranquille en bas. Et puis, il y aura une autre putain de montagne’. Et je lui ai dit : ‘Je n’ai même pas encore dépassé celle-là’. Et elle m’a dit : ‘C’est la vie.' » Adele retourne son poignet droit pour me montrer le tatouage d’une montagne. Ce tatouage date de 2019.
Certains de ses moments les plus difficiles ont impliqué Angelo. Dans l’ensemble, dit Adele, le divorce s’est déroulé sans encombre. Simon vit en face dans une maison qu’Adele a achetée pour lui et ils partagent la garde (et font régulièrement des soirées cinéma en famille). Même pendant les moments de turbulence, Adele avait la conviction qu’elle faisait ce qu’il fallait : « Si je peux atteindre la raison pour laquelle je suis partie, qui était la poursuite de mon propre bonheur, même si cela rendait Angelo malheureux – si je peux trouver ce bonheur et qu’il me voit heureuse et épanouie alors peut-être que je serai capable de me pardonner pour cela. » Mais elle ne pouvait pas empêcher la douleur qu’elle lui causait en attendant. Un jour, alors qu’il n’avait que six ans et demi : « Il m’a dit en face : ‘Tu me vois ?’ Et j’ai répondu : ‘Euh, oui’. Et il m’a dit : ‘Parce que moi, je n’arrive à te reconnaitre’. Toute ma vie s’est effondrée à ce moment-là. Il savait que je n’étais pas là. ». Elle a décidé d’avoir des conversations régulières avec Angelo sur ce qui se passait. « C’est là que j’ai commencé à partager avec lui. »

Au même moment, elle a commencé à aller au studio. Elle a écrit une chanson pour Angelo le lendemain de cet épisode douloureux. Avec le temps, l’album est devenu un moyen de lui expliquer les choses, quelque chose qu’il pourra écouter quand il sera plus grand. « Il me pose tellement de questions simples auxquelles je ne peux pas répondre parce que je ne connais pas la réponse. Comme : ‘Pourquoi on ne peut pas pas vivre ensemble ?’. Ce n’est pas ce que font les gens quand ils divorcent. ‘Mais pourquoi pas ?’ insiste-t-il. Et je suis là : ‘Je ne sais pas putain’. Ce n’est pas ce que la société nous dit de faire. Et : ‘Pourquoi tu n’aimes plus mon père ?’. Je lui répondrai : ‘J’aime ton père. Je ne suis juste pas amoureuse.’ Je ne peux pas faire comprendre ça à un enfant de neuf ans. »
Pour cette raison, le nouvel album est différent de ses précédents. « J’ai réalisé que c’était moi le problème », dit Adele. « Parce que tous les autres albums sont du genre : ‘Tu as fait ceci !’, ‘Tu as fait ça !’, ‘Va te faire foutre !’ et ‘Pourquoi tu n’y arrives pas avec moi ?’. Et là, j’ai réalisé : ‘Oh, merde, je suis le thème récurrent, en fait. Peut-être que c’est moi le problème au final !' »
Je lui demande si elle a écouté des albums de divorce emblématiques en écrivant le sien – je pense notamment à I Do Not Want What I Haven’t Got de Sinéad O’Connor – et Adele répond qu’elle ne savait pas qu’elle faisait un album de divorce. En fait, elle n’est pas sûre que ce soit vraiment un album sur le divorce. « Simon n’est pas juste un de mes ex. C’est le père de mon enfant ». Si le nouvel album est un album de divorce, ce serait un album de divorce d’un genre différent. « C’était plus moi qui divorçait de moi-même », dit-elle en riant aux éclats. « Je me disais juste lors de la création de cet album : ‘Salope, ressaisis-toi !' »
« Ce disque, je l’aime », ajoute Adele. « Je dis toujours que 21 ne m’appartient plus. Les gens l’ont adopté, l’ont écouté et je sais que 21 a une place particulière pour un bon nombre d’entre eux. Je ne vais pas lâcher celui-là. C’est mon album. Je veux le partager avec tout le monde mais je pense que je ne laisserai jamais tomber celui-là. »
Fréquenter la Adele de tous les jours c’est oublier qu’elle est aussi cette autre Adele, la chanteuse de chansons déchirantes. La Adele de tous les jours est un personnage à part toujours effacé et toujours en train de se moquer d’elle-même. Par sa musique on sent que l’autre Adele n’est pas très loin.
Justement, cette Adele, je l’entrevois lorsque ses nouvelles chansons sont diffusées dans sa cuisine verte. Assise sur un tabouret, elle se penche en arrière, sa poitrine se replie vers l’intérieur, sa tête pend et tout son torse se balance tandis que ses paupières bougent frénétiquement, comme si elle était en transe. Il est difficile de décrire l’intensité émotionnelle de ce langage corporel : si je devais décrire la scène, les mots rolling in the deep (tomber dans les abîmes) me viennent à l’esprit.
La première chanson qu’elle joue est la première chanson de l’album, une ballade au piano qui prend aux tripes et dont le refrain dit : « Go easy on me baby / I was still a child / Didn’t get the chance to / Feel the world around me » (Vas-y doucement. J’étais encore une gamine. J’ai pas eu la chance de découvrir le monde qui m’entoure. Adele fait référence à cette enfance difficile). Sa voix traduit ce qu’Adele sait faire de mieux avec le refrain « go easy ». Et bien que la chanson prend un ton plutôt euphorique, à la fin, je me sens tabassée par l’émotion. « Alors c’est celle-là », dit-elle doucement. « Tu l’aimes ? » (La chose la plus surréaliste est d’être là avec Adele en train vous faire écouter sa nouvelle musique dans sa cuisine tout en la sentant nerveuse et vulnérable).
Une autre chanson arrive. « La prochaine chanson est celle que j’ai écrite quand je suis allée au studio le lendemain du jour où Angelo a dit qu’il ne me reconnait plus ». Un certain mélange – groove sexy des années 70, cordes lourdes, paroles plus lourdes – me fait immédiatement penser à Marvin Gaye. (What’s Going On est une « très grande référence » sur l’album.) « My little love », chante Adele dans un registre grave et enfumé. ‘I see your eyes / Widen like an ocean / When you look at me / So full of my emotions’ (Je vois tes yeux / Ecarquillés / Quand tu me regardes / Emplis de mes émotions). Entre les couplets se trouvent des bribes de conversations qu’elle a eues avec Angelo pendant cette période, enregistrées suite aux conseils de sa thérapeute. La chanson se termine par des extraits d’un message vocal brut et larmoyant qu’elle a laissé à un ami. Elle a été inspirée par les notes vocales de Tyler, the Creator et du rappeur britannique Skepta, explique-t-elle. « J’ai pensé que ce serait une touche sympa, vu que tout le monde s’est présenté à ma porte ces dix dernières années, en tant que fan ».
Je ne suis pas sûr de survivre à une autre des nouvelles chansons d’Adele. Elle m’en joue quatre autres. Dans ma tête il est clair qu’il y a une progression entre ses chansons. La suivante est cathartique, une promesse soul d’un nouvel amour qui lui fait inlassablement répéter : « I just want to love you for free / Everybody wants something from me / You just want me. » (Je veux juste t’aimer sans rien en retour / Tout le monde veut quelque chose de moi / Tu veux juste moi). La quatrième chanson est carrément enjouée : c’est un peu le moment où tu te mets à rire alors que tu pleures – « Otherwise we’d all kill ourselves, wouldn’t we?’ (Sinon, on se suiciderait, n’est-ce pas ?). Puis vient un hymne joyeux. Sur un orgue gospel, elle chante : ‘Let time be patient / Let pain be gracious’ (Laisse le temps faire son travail / Que la douleur soit gracieuse). A la fin de cette chanson, ses amis chantent en coeur « Just hold on, just hold on » (Tiens bon, tiens bon). « Ce que mes amis me chantent c’est ce qu’ils avaient l’habitude de me dire », explique Adele. « C’est pour ça que je voulais qu’ils le chantent plutôt que cela soit fait par une vraie chorale ».
La dernière chanson qu’elle me joue est la dernière chanson de l’album. Elle a été écrite et enregistrée pendant qu’une le film Breakfast at Tiffany’s passait à la télé, explique-t-elle. « Alors que le film se terminait, nous essayions de trouver comment terminer la chanson, et j’ai dit : ‘Nous devrions l’écrire comme si nous écrivions la bande originale – vous savez, celle à la fin du film’. L’arrangement est fantaisiste et rétro, plein de cordes, de vibrato et de romance des années 50 mais les paroles apportent une touche subversive. La première ligne : « All your expectations of my love are impossible. » (Tout ce que j’attends en amour est impossible).
Nous sommes en retard pour un déjeuner à l’hôtel Bel-Air. Adele monte à l’étage pour se changer puis réapparaît dans un sweat-shirt gris et un pantalon de survêtement assorti. (« Vous pouvez sortir la fille de Brixton mais vous ne pouvez pas sortir Brixton de la fille »). Quinze minutes plus tard, autour d’une tournée de spritz Aperol dans une salle à manger privée du Bel-Air, nous parlons davantage de l’album dans son ensemble. « J’étais tellement fragile quand je l’ai écrit que je ne voulais travailler qu’avec quelques personnes », explique Adele.
Elle a écrit la ballade au piano et la chanson sur Angelo avec Greg Kurstin avec qui elle a déjà écrit « Hello ». Plus tard, j’interroge Kurstin par téléphone sur le fait d’écrire des chansons avec Adele. « Elle a cette façon d’aborder des sujets émotionnels très complexes. C’est une chose que je n’ai jamais vue », dit-il. « Il y a aussi cet engagement de la part d’Adele envers une chanson. Si la première ligne d’une chanson fait écho à sa vie, nous pourrions y travailler pendant des années, juste pour la perfectionner. » Kurstin ajoute : « Elle me pousse à des endroits très inattendus au piano. Parfois, je mets en boucle une boucle de musique (ce sont généralement des notes de musique qui constituent le coeur du morceau) pendant des heures pendant qu’elle cherche les paroles. C’est presque comme une méditation. »

La chanson avec ses amis chantant en choeur et celle inspirée par le film Breakfast at Tiffany’s ont été produites par Inflo, producteur du nord de Londres qui travaille beaucoup avec Danger Mouse. « Il est brut de pomme. Il est honnête avec moi, comme personne d’autre n’oserait le faire », dit Adele à propos d’Inflo. Une poignée d’autres personnes ont travaillé sur des chansons que je n’ai pas entendues : les magiciens suédois de la pop Max Martin et Shellback ; le compositeur suédois Ludwig Göransson et l’auteur-compositeur-interprète canadien Tobias Jesso Jr sur une « chanson très puissante » qu’elle décrit comme « très Édith Piaf « . Comme pour ses précédents albums, les chansons sont directement les démos originales car, explique-t-elle, les démos ont un charisme et une urgence qui se perdent si on les réenregistre. « Je ne réenregistre jamais une chanson que je viens de chanter. Jamais. Jamais, jamais. »
Après avoir entendu Adele décrire ses deux années de tourmente puis avoir entendu certaines des chansons qui ont vu le jour, je me retrouve à m’interroger sur la Adele de sept ans. Quel rôle la musique jouait-elle dans la vie de cette Adele ? « C’était mon amie », dit-elle. « La musique était littéralement mon amie. J’étais enfant unique. La musique était ce frère ou cette sœur que je n’ai jamais eu(e). C’est pourquoi j’aime tant Beyoncé. Elle sortait de la musique si régulièrement que c’était comme si je la voyais. C’était vraiment comme ça pour moi. Ça m’a fait ressentir beaucoup de choses. »
La semaine précédant cette interview, Adele est sortie en public pour la première fois avec son nouveau petit ami, l’agent sportif Richard Paul. Ils ont assisté au cinquième match des finales de la NBA – les Suns de Phoenix contre les Bucks de Milwaukee – et se sont assis dans les tribunes avec l’un des clients de Richard, LeBron James.
Plus tôt dans la journée, Adele avait mentionné qu’elle et Paul étaient amis depuis un certain temps. Ils se sont mis ensemble au début de cette année. « Il était toujours là mais je ne le voyais pas », avait-elle dit. Autour d’une autre tournée d’Aperol spritz, elle me raconte qu’ils se sont rencontrés à une fête il y a quelques années. « J’étais un peu ivre. Je lui ai dit : ‘Tu veux me représenter ? Je suis une athlète maintenant’ (Richard Paul est un manager de sportifs). » Elle ajoute : « Il est tellement drôle, putain. » Et aussi : « Il dansait. Tous les autres gars étaient juste assis autour. Il était juste en train de danser. »
Adele n’a pas apprécie toutes les histoires d’amours qu’on a écrites sur elle dans la presse. « Ça a été la merde. Et 99,9 % des histoires qui ont été écrites sur moi sont absolument inventées. » Puis, juste avant la mort de son père, « Rich est arrivé de façon incroyable ». Elle se sent en sécurité avec Paul : « Je ne me sens pas anxieuse, nerveuse ou épuisée. C’est tout le contraire. C’est sauvage » – et il n’y a aucune remise en question. « Je suis une femme divorcée de 33 ans, mère d’un fils très autonome et responsable. La dernière chose dont j’ai besoin est quelqu’un qui ne sait pas où il en est ou qui ne sait pas ce qu’il veut. Je sais ce que je veux. Et je sais vraiment ce que je ne veux pas. »
La décision d’afficher sa relation a-t-elle été délibérée ? Adele raconte : « Je n’avais pas l’intention de la rendre public. Je voulais juste aller au match. J’aime juste être près de lui. Je l’aime juste. ». Le sujet a tout de même été abordé sur le chemin du match. « Il était en mode : ‘Qu’est-ce que les gens vont dire ?’ Et j’ai répondu : ‘Que tu me représentes. En tant qu’athlète. Tu es mon agent’. Et il était là : ‘Ok, cool’. »
C’est une approche quelque peu nouvelle pour Adele qui généralement reste éloignée du monde du show biz. À un moment donné, elle a même envisagé de se retirer complètement de la musique. Elle a écrit à son manager : « Ce n’est pas vraiment pour moi. Ce n’est pas pour ça que j’aime la musique. »
« Je suis devenue vraiment célèbre juste au moment où Amy Winehouse est morte », dit-elle. « Et nous l’avons vue mourir sous nos yeux ». Adele s’inquiétait de partir en vrille. « J’ai toujours eu une relation très étroite avec l’alcool. J’ai toujours été très fascinée par l’alcool. C’est ce qui a éloigné mon père de moi. J’ai donc toujours voulu savoir ce qu’il avait de si génial. » Mais des personnalités différentes ressortent quand on est ivre, dit-elle, et dès que l’on a l’air un peu téméraire, la presse veut vraiment que vous fassiez n’importe quoi pour les gros titres. « Ils vous descendent et descendent et descendent ce qui vous rend complètement fou ».
La mort de Winehouse a été un moment déterminant. « Ça m’a vraiment attristé. J’ai pris la guitare grâce au premier album d’Amy. De tous les artistes, c’est celle qui compte le plus pour moi. Parce qu’elle était britannique. Parce qu’elle était incroyable. Parce qu’elle a été torturée. Parce qu’elle était si drôle. Je ne veux pas que ces gens que je ne connais pas me privent de mon héritage, de mon histoire et décident de ce que je peux laisser derrière moi ou de ce que je peux emporter avec moi. »
Elle a décidé de disparaître pendant quelques temps. « Je me suis dit que j’allais m’enfermer dans une maison. C’est ce que j’ai fait. J’étais très recluse. Ça a porté ses fruits, je crois. Les gens sont habitués à ce que je sois une recluse. » Devenir maman m’a aussi aidé. « Parfois, je suis effrayée à l’idée de savoir où ma vie serait allée si je n’étais pas tombée enceinte d’Angelo », dit-elle. « Est-ce que ça vous a changé ? » Je demande. « Plus que ça », dit-elle. « Ils m’ont sauvée tous les deux. Il y a eu une vraie raison pour laquelle Simon est entré dans ma vie. »
Tous les moindres faits et gestes d’Adele font l’actualité, comme en témoigne le tollé provoqué par sa perte de poids. À ce sujet : « Mon corps a été objectivé pendant toute ma carrière. Ce n’est pas seulement maintenant. Je comprends pourquoi c’est un choc. Je comprends que certaines femmes aient été blessées. Visuellement, j’ai représenté beaucoup de femmes. Mais je suis toujours la même personne. » Le pire dans tout ça : « Les conversations les plus brutales ont été tenues par d’autres femmes à propos de mon corps. J’ai été très déçue par ça, putain. Cela m’a blessé. »
Et elle prend encore des mesures pour éviter de faire grimper sa notoriété. Elle a évité d’écrire un certain type de chansons pour le prochain album. « Il n’y a pas de Hello grandiloquent sur cet album », me dit-elle à un moment donné. « Et je ne veux pas d’une autre chanson comme celle-là. Cette chanson m’a rendue encore plus célèbre. Je ne veux pas que cela se reproduise. Je ne dis pas que j’ai des Hello en stock qui attendent. J’étais juste consciente que je ne voulais pas que mon histoire sur cet album sonne comme ça ».
Elle se prépare, petit à petit, à être sur le devant de la scène. Par exemple, elle avait l’habitude d’éviter de sortir au restaurant ou de se rendre à la fête d’anniversaire d’un ami parce qu’elle ne voulait pas que les gens prennent des photos d’elle. Aujourd’hui, de plus en plus, elle s’interroge : ‘Quel est le pire qui puisse arriver ?’ Alors que le nouvel album est en route (Adele tient à ce qu’il sorte en physique – CD et vinyle – ainsi que sur les services de streaming), elle a commencé à prévenir ses amis de Los Angeles : « Je me prépare à redevenir célèbre ».
Une chose qui sera sûrement différente cette fois-ci, c’est Angelo. Il ne comprend pas encore totalement que sa mère est célèbre. Ils mènent une vie discrète quand Adele n’est pas en tournée et la dernière fois qu’elle est partie en tournée, Angelo n’avait que quatre ans. Il regardait sa mère s’échauffer dans les stades mais il partait avec Simon ou une nounou avant que les stades ne se remplissent de fans. Angelo a compris la notion de « célébrité » lorsqu’Adele a emmené son fils voir son artiste préférée, Taylor Swift, en 2018. C’était la première fois qu’il voyait un stade plein de monde. « Sa mâchoire est tombée », raconte-t-elle. « Ça m’a énervée ! ». Je lui ai dit : « Excuse-moi ! C’est aussi mon métier, tu sais ». Il m’a dit : « Quand tu partiras en tournée, est-ce que je pourrais avoir un siège à côté de moi avec le nom de ‘Taylor Swift’ dessus afin que Taylor vienne ? ».
Jusqu’à présent, il n’y a eu qu’un seul incident à l’école d’Angelo. « Il y avait quelques filles plus âgées qui le poursuivaient partout, demandant si j’étais sa mère », se souvient Adele. « Il était en mode : ‘Je crois que son nom est Adele, oui. Ma mère. Ma mère’. Je ne suis pas LA Adelepour lui. Il avait l’impression d’être harcelé, parce qu’elles l’embêtaient. Je lui ai dit : ‘Ce n’est pas du harcèlement’. Dis juste à ces filles : « Ouais, c’est ma mère. Elle m’a torché le cul », plaisante-t-elle.

Plus que la célébrité, Adele veut s’assurer qu’Angelo comprend qu’il est privilégié. Adele lui fait comprendre que lorsqu’il fait certaines actions : « Ce ne sera pas seulement parce que c’est un homme blanc. Ce sera aussi parce que je suis sa mère. Et je veux qu’il le remarque. Il doit mériter sa place dans la vie. » Parfois, Angelo essaie de corriger l’accent de sa mère mais elle ne veut rien entendre. « Ce n’est pas Free mais Three. », lui dit-il. « Et je lui réponds : non, c’est Free. » (En anglais, le nombre « 3 » se dit « Three » dont la prononciation est très proche de « Free » qui signifie « Gratuit ». Dans le post pour son anniversaire sur Instagram, Adele a commenté « Thirty Free » au lieu de « Thirty Three » pour dire qu’elle avait 33 ans.)
Quand elle parle de Beyoncé, je l’interroge sur son discours qu’Adele a donné lors Grammys 2017, celui dans lequel elle a rendu un hommage émouvant à Lemonade. On mesure à quel point certains sujets tiennent à cœur à Adele : la musique, les femmes et la musique faite par des femmes. Après avoir raconté pendant des heures durant cette interview les événements les plus douloureux de sa vie, Beyoncé est le seul sujet de conversation qui la fait pleurer.
« Mon opinion est que Beyoncé aurait définitivement dû gagner », dit Adele (L’album de l’année aux Grammy Awards. Adele l’avait remporté en 2017 face à Beyoncé). Elle pensait que Beyoncé allait gagner jusqu’à ce que la remise des prix commence. Et puis : « J’ai juste eu ce sentiment : ‘Putain, je l’ai gagné’. J’ai été submergée. Je vais devoir aller lui dire à quel point son disque compte pour moi. » La voix d’Adele commence à se casser. « Je suis en train de devenir un peu émotive. »
Adele s’est rendue dans la loge de Beyoncé. Lors de la visite, elle n’a pas réussi à dire tout ce qu’elle avait sur le coeur et après être partie, elle a fondu en larmes. Konecki l’a ramenée à la loge de Beyoncé, et l’attaché de presse de cette dernière a vidé la pièce. « Je lui ai juste dit (à Beyoncé) que la façon dont les Grammys fonctionnent et les gens qui les contrôlent au plus haut niveau. Ils ne savent pas ce qu’est un album visuel. Ils n’ont pas voulu pas soutenir la façon dont elle a fait avancer les choses avec ses albums et les sujets qu’elle traite. »
Pourquoi Lemonade (l’album de Beyoncé en question qui était en compétition avec « 25 » lors des Grammys 2017) méritait de gagner ? Adele répond : « Pour mes amies qui sont des femmes de couleur, c’était une reconnaissance tellement énorme après tout ce qu’elles ont subi. C’était une reconnaissance énorme de la douleur qu’elles subissent et aussi du monde entier. J’étais en mode : ‘Lemonade est mon album, elle sait ce que je traverse. Cet album n’a pas été écrit pour moi. Mais pourtant, j’avais l’impression que c’était le plus grand des cadeaux qu’on pouvait m’offrir’. »
Adele n’a jamais voulu casser le Grammy sur scène. « J’avais les Grammys entre les mains, je bougeais et le bout du trophée s’est détaché. » Mais une chose amusante s’est produite plus tard. Le prix qu’ils vous donnent sur scène est un faux. Le vrai est envoyé par la poste. A la réception, il était cassé ! « Il s’est cassé au moment lors de la livraison. » Adele ne l’a pas fait réparer. Elle l’a posé sur une étagère et a posé un fruit dans la partie cassée du Grammy : « Il y a un citron dedans. » (« Lemonade » en anglais signifie « citronnade », d’où le citron qui fait référence à l’album de Beyoncé.)
Si Adele ne sait pas exactement quand elle a sorti la tête de l’eau, ses amis, eux, s’en souviennent. Son amie londonienne, Laura Dockrill, qui connaît Adele depuis près de 20 ans, me dit par email qu’elle a remarqué un changement lorsqu’Adele a assisté à son mariage en février 2020, juste avant le confinement. « Elle a essentiellement viré tout le monde de la scène et s’est mise à chanter ‘Young Hearts Run Free’ devant un pub bondé. Elle portait une jupe fleurie. Je l’ai regardée avec un énorme sourire et j’ai pensé : « Ok, elle est de retour. »
April McDaniel, qui a rencontré Adele à Heart & Hustle il y a trois ans, a remarqué la différence à la salle de sport. « Dès que je l’ai vue (après l’épisode du mariage), j’ai su que quelque chose avait changé », dit McDaniel. L’écrivain Jedidiah Jenkins a également rencontré Adele il y a trois ans, chez un ami commun à Los Angeles. « Elle s’est présentée pendant le brunch avec une demi-bouteille de Whispering Angel », me raconte-t-il. Lors de leur première rencontre, Adele n’arrêtait pas de parler de choses qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de faire : « Jed, ça fait 11 ans que je n’ai pas traîné avec un groupe d’inconnus. Tu m’emmènerais à une fête où je ne connais personne ? » Ou : « Je ne suis plus allée à la mer depuis que j’ai 10 ans. Je n’ai jamais été à un lac. Je veux nager dans de l’eau naturelle. » Jedidiah et Adele ont réalisé quelque uns de ses souhaits. Ils sont allés à Santa Barbara pour un week-end et sont allés dans l’Idaho, où Adele a sauté d’un bateau dans un lac, entièrement habillée.
McDaniel et Jenkins font partie du chœur d’amis qui ont chanté sur le disque. « C’était une expérience hors du commun », dit McDaniel. Jenkins se souvient : « Quand nous sommes tous arrivés au studio, elle nous a engueulés : ‘Il est impossible de tous vous réunir pour un dîner mais quand je vous dis de venir chanter sur mon album, vous êtes tous là, putain !' » Dans le studio, elle était « vraiment dans son élément », dit-il. « Elle est rapidement devenue une directrice de chorale, agitant les mains et nous encourageant. Et bien sûr, elle me me disait : ‘Jed, ce n’est pas ton album. Mélange-toi davantage avec les autres.' »

Quelques semaines plus tard, je vois Adele une dernière fois, au nouveau musée d’Art du comté de Los Angeles LACMA, pour la séance photo qui accompagne cette interview. Elle raconte à l’équipe présente une histoire. Adele dit avoir emporté un stylo CBD en Angleterre dans ses bagages sans savoir que c’était illégal : « Je me sentais comme Marianne Faithfull avec cette barre de Mars ! Je n’aurais jamais fait une telle chose. Je n’en avais aucune idée. » Adele est ensuite au téléphone avec Angelo, qui vient de perdre une dent : « Oh, elle est tombée ! Eh bien, la petite souris passera ce soir ! » La chanteuse portera trois belles robes – rose, bleue, verte. Une photo nécessitera d’avoir Adele élevée sur une nacelle.
Au moment le plus ensoleillé de la journée, Adele est perchée de façon quelque peu précaire sur cette nacelle. Tout Hollywood rayonnce derrière elle lorsqu’un rapace se pose non loin de là. J’ai remarqué que c’était un thème récurrent. En effet, des colibris avaient déjà volé au dessus de la tête de la chanteuse lorsque nous étions assises dans son jardin. A un moment donné, une énorme libellule de plusieurs centimètres de long a même volé entre nous, nous obligeant à nous faufiler à l’intérieur. Adele a expliqué que cela se produisait souvent depuis la mort de son père. « Une fois, il a essayé de caresser ma queue de cheval ! » dit-elle en parlant d’un colibri. Il s’avère que le rapace est utilisé par le musée pour lutter contre les parasites. Mais personne ne savait à ce moment là. « Viens sur ma main ! » s’exclame Adele. L’oiseau reste assis sur le rebord pendant un moment puis s’envole.